"There is no alternativ"

Margaret Thatcher

"Rambo n'existe que dans les films"

Daniel Ortega

"Mon instrument à moi, c'est mon corps, et j'en fais ce que je veux"

Madonna

"Peu importe que le chat soit gris ou noir pourvu qu'il attrape les souris"

Deng Xiaoping

On a perdu une bataille, mais on n'a pas perdu la guerre. Hardi les gars, vire au guindeau ! Voilà ce que semble dire le monde des années 80. Le coup de semonce qui marque la fin des Trente Glorieuses n'a pas amené d'inflexion dans la trajectoire, alors même qu'un autre monde était possible. Tout au contraire, on assiste à une sorte de grande accélération dans l'accélération.

Dans le domaine politique, passés les accords d'Helsinki, les relations entre les deux grands se refroidissent quelque peu à la suite de déboires variés dans chacun des camps (prise d'otages américains à Téhéran et invasion de l'Afghanistan par l'URSS en 1979). "America is Back" clame Ronald Reagan, qui présente à la télévision ses reaganomics, consacrant ainsi la victoire de la pensée libérale de Milton Friedman après tant d'années d'attente patiente et déterminée. Le TINA de Margaret Thatcher semble confirmer l'idée d'un destin unique pour le monde occidental de part et d'autre de l'Atlantique, le village gaulois mis à part. Le reste du monde, quand à lui, sera accomodé à la sauce amère des plans d'ajustement structurel du FMI. Nombreux sont les pays d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie qui subissent de plein fouet et de façon humiliante le consensus de Washington.

En Europe, la construction politique et économique se poursuit : les accords de Schengen sont signés en 1985, tandis que se met en place le Système Monétaire Européen. Dans le domaine scientifique et industriel, la coopération se développe (l'ESA est créée en 1975 et le 1er lancement d'Ariane a lieu en 1979). Mais l'Europe est aussi le terrain de l'affrontement idéologique des deux grandes puissances au travers de la crise des euromissiles qui s'étale sur dix ans de 1977 à 1987.

Pour certains, l'année 1987, avec la signature du Traité de Washington, marque le vrai début de la fin de la Guerre froide, peut-être davantage que la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, car ce traité entérine d'une certaine manière la prise de conscience par les Soviétiques de leur échec dans la course aux armements face à l'Amérique reaganienne (notamment le programme IDS). Les volontés de réforme de Mikhaïl Gorbatchev (Perestroïka et Glasnost à partir de 1985) ne pourront pas sauver de la chute le mastodonte politique gangrenné par des années de gérontocratie et de corruption de sa nomenklatura, poussé dans ses derniers retranchements par sa fièvre obsidionnale, dont la Guerre d'Afghanistan (jusqu'en 1989) sera le dernier avatar avant l'effondrement.

Les années 80 sont celles de l'Amérique triomphante et agressive, incarnée par Larry Hagman dans Dallas, sans doute le plus grand méchant de la meilleure série de tous les temps. Les vestes et les pantalons se portent larges et les cheveux des femmes se font permanenter. Tom Cruise vole à mach 2, tandis que le lieutenant Rambo entame sa psychothérapie. La musique se pare de sons synthétiques avec plus ou moins de bonheur. New wave et Cold wave s'arriment au train de la contestation underground initiée par le Punk au mitan des années 70.

Last but not least, l'industrie photographique entame sa mue technologique alors que les ingénieurs commençaient à ronronner dans leur coin avec des appareils (notamment reflex) qui peinaient à se renouveler. Là encore, les Japonais prennent l'avantage. Déjà Konica avait ouvert la voie avec son compact C35 AF, mais c'est Minolta qui innove avec le tout premier reflex autofocus en 1985 (le 7000). Un peu partout, on motorise, on automatise et on gadjetise un peu, aussi. La Triade photographique reste dominée par Kodak et Polaroid (EUA), Zeiss et Leica (Allemagne) et surtout (liste non exhaustive) : Canon, Nikon, Minolta, Konica, Olympus... Ils sont forts ces Japonais.

Comme le dit le personnage de Joe Takagi dans Piège de Cristal (1988) : "Nous savons nous adapter. Pearl Harbor n'avait pas suffi, alors nous avons lancé nos magnétoscopes."