"Nous avons la conviction que nos politiques actuelles sont compatibles et complémentaires et que le redressement est bien engagé. Nous n’en reconnaissons pas moins le besoin de rester vigilants et de garder à nos politiques la capacité d’adaptation nécessaire. Nous ne permettrons pas que la reprise échoue. Nous n’accepterons pas une nouvelle flambée de l’inflation."

 

Déclaration du G6 (extrait), Rambouillet, 17 novembre 1975

 

 

Hahaha...

Finie la rigolade !

 

Je suis né dans cette ambiance marquée par la fin d'un cycle de croissance facile. Mais était-ce bien un cycle au sens où cela pourrait revenir, ou une exception, voire une anomalie,  dans l'histoire de notre développement ? Le fait est que l'Occident a connu, entre 1945 et 1975 pour faire simple, trente années d'énergie bon marché qui lui ont permis d'atteindre un niveau de bien-être matériel inconnu jusqu'alors. Tous les cadres de la société en ont été transformés, jusque dans la chambre à coucher. En réalité, les prémices de la crise sont apparues dès la fin des années 60, au moment où la fête battait son plein. En Occident, l'insoucience était presque totale.

 

En 1969, les 1ers pas de Neil Armstrong sur la Lune, lors de la mission Apollo 11, mettent un terme à une lutte acharnée entre les deux Grands pour le leadership spatial, finalement remporté dans le dernier set par les Etats-Unis (un match serré, largement dominé dans un premier temps par l'URSS). Tout semble sourire à l'Amérique radieuse, fière et sûre d'elle-même, conformément à sa "destinée manifeste" : amenée à dominer le monde, elle règne maintenant sur l'univers et consent même à négocier la limitation de certaines armes stratégiques. Sauf que la situation au Vietnam s'enlise dangereusement depuis l'offensive du Têt en 1968. De même dans la sphère économique, le dollar souffre de la politique de la planche à billet et l'administration Nixon doit suspendre en 1971 le système de Bretton Woods qui présidait au destin du monde depuis 1944. Le dollar n'est plus "as good as gold".

 

Dans le même temps, les gens du Club de Rome, peut-être mieux inspirés que les autres, commandent un rapport qui fera date (mais dont la notoriété ne se révelera que plus tard, lorsque l'on commencera à être confronté à la réalité de ses conclusions) : le rapport Meadows (M.I.T.), "The limit to Growth", mal traduit en français par "Halte à la croissance !". Ce rapport de 1972 établit plusieurs scenarii peu encourageants qui prévoient, pour la plupart, ni plus ni moins qu'un effondrement à moyen terme des sociétés développées. Comment d'aussi sombres perspectives peuvent-elles être audibles dans un contexte de croissance et d'abondance ? C'est pourtant en cette même année 1972 que nait le Programme des Nations Unies pour le Développement à Stockholm. L'humanité, sur une ligne de crête, peut-elle changer le cours de son destin ? Rien n'est moins sûr.

 

En 1973, la 4e Guerre israélo-arabe (Guerre du Kippour) enclenche un processus de crise qui aboutit au 1er choc pétrolier, provoqué par une décision unilatérale des pays de l'OPAEP d'augmenter le prix du baril c'est-à-dire, dans les faits, de le vendre aux Occidentaux désormais à son prix réel, loin des habitudes prises aux temps de l'Anglo-Persian Oil Company. Cette décision marque le début d'une réaction en chaîne qui provoque une récession dans les pays développés. Voici venu le temps du chômage de masse, de la désindustrialisation, des délocalisations encouragées, dans la Chine de Deng Xiaoping, par la politique des Zones économiques spéciales (ZES).

 

Car l'Asie de l'est s'adapte dans la crise, malgré les viscissitudes liées aux suites de la Guerre du Vietnam. Le Japon, porté par son développement en "vol d'oies sauvages", résiste à l'impact de la crise du dollar et du pétrole en développant ses exportations de matériel électronique. Dans le domaine photographique, Canon, Nikon mais aussi Konica, Minolta ou Olympus deviennent des références. Ainsi, c'est en 1977 que Minolta produit son XD7, un appareil révolutionnaire en son temps.

 

C'est avec un minolta XD7 qu'a été prise  la photo qui orne cette page. Au moment où j'écris ces lignes cet appareil fonctionne toujours et a aussi photographié mes propres enfants. 1977, c'est aussi l'année de sortie de la chanson "Hotel California" des Eagles, dont Don Henley dira qu'elle marquait "la fin de l'innocence". Qui a dit que les années 70 n'étaient pas de bonnes années ?